nokidFor English speakers : No kids : 40 good reasons not to have children has been translated into English. You can buy it here, for a very a toned-down and moderate summary, you can watch an interview of the author there.

 

L’ami Loris a eu la bonne idée de lancer CivBlogger2012, un défi de lecture pour l’été :
Il s’agit de lire ou d’avoir lu un bouquin explorant un thème de société, un thème politique ou un thème de civilisation (évolution, tendance, prospection).
Vous en faites la fiche de lecture.
Vous citez trois bloggers (que vous prévenez) pour leur proposer de participer.
Vous citez ces règles et mettez un lien vers le message de blog qui vous a demandé de participer, histoire d’être sympa avec lui.
Après, essayez de me prévenir (via les comments, ou mail, ou whatever), que je vous centralise ici…

 

Je relève le défi avec No kid (sans s pour la version originale française) de Corinne Maier. C’est un pamphlet de près de 160 pages, fort justement sous-titré Quarante raisons de ne pas avoir d’enfant. Il faut avouer que Corinne Maier prêchait un converti : même si je n’ai rien contre le fait d’avoir des enfants, je trouve juste qu’il y a plus d’inconvénients que d’avantages à en faire, donc je m’abstiens. Sans chercher ni la bagarre ni à me faire caresser dans le sens du poil, j’étais curieux d’entendre ses arguments, qui sont donc nombreux.

 

En tant qu’homme, forcément, je crains peu les possibles joyeux à-côtés de l’accouchement type épisiotomie et incontinence anale. Mais en bon trentenaire, j’ai bien conscience de tout ce qui concerne l’impact sur la vie courante, sociale, professionnelle, amoureuse, la vacuité des conversations, la pression de la perfection etc. Comme l’auteure, je comprends que faire un enfant répond non seulement aux attentes de la société mais est vendu comme une des manières les plus simples de laisser une trace après sa mort, de s’acheter un bout d’absolu et d’amour inconditionnel. Et comme Lucy Vincent, on est pas mal à penser que ce dernier truc est une denrée rare passé deux ans dans un couple. Fermons la parenthèse, mais donc quand on a fini ses études, trouvé un appart’, un boulot stable, et que la phase amoureuse du couple est passée, c’est sûr que faire des gosses, ça occupe. Et la société est là pour nous rappeler que même si on ne ressent pas le besoin de se faire occuper profond, il faut et c’est bien, et c’est que du bonheur.

 

Le ton de No kid est à la fois enlevé et rentre-dedans. En quelques vannes sur le quotidien, Corinne Maier mettra les lecteurs ayant de l’humour (parents compris) dans sa poche. Pour l’agressivité, et bien qu’elle ne semble pas le porter dans son cœur (et en tant que psychanalyste ça a du empirer avec la parution du bouquin sur Freud), elle m’a beaucoup rappelé Michel Onfray. Même si je suis d’accord avec leurs thèses, les deux m’ont donné une même image d’énervé (e) qui dessert son propos à force de hurler, que ce soit contre la vénération de dieu (pour Onfray) ou des gosses (pour Maier). Pour les fans de hip-hop expérimental, disons qu’on est encore loin de la violence des textes de Fuzati sur le sujet, mais le fond est le même.

 

Pour ceux qui en douteraient, et l’interview en anglais remet un peu les choses à leur place : oui le ton outrancier est fait exprès. Cela explique/excuse le mélange chaotique de jugements à l’emporte-pièce et d’arguments qui tiennent la route. Par exemple je suis tout à fait d’accord que si les gens flippent pour le vieillissement de la population de leur pays occidental friqué, qu’ils se rassurent: il y a quelques milliards d’étrangers qui se feraient un plaisir d’être accueilli comme travailleurs immigrés pour venir torcher leurs vieux et payer leurs retraites.

 

Et c’est là la bonne surprise de No kid. Au-delà de la charge anti-bambins, il y a quelques réelles réflexions socio-philosophico-politiques,  notamment sur le rôle de l’école dans la société, dans la formation de futurs travailleurs dociles, qui m’ont bien donné envie de lire son autre livre le plus célèbre : Bonjour, paresse. Donc merci Loris, merci Corinne, et pour les autres ne vous inquiétez pas, le prochain post « lecture » parlera urbanomancie et univers parallèles.

 

Je défie donc trois créateurs critiques habitués à rêver dans les étoiles et la fange des ruelles sombres: Alias, Cédric Ferrand et Laurent Kloetzer.

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3 Responses to No kid

  1. Alias says:

    Ah ben ce serait venu plus tôt, j’aurais pu mettre Ready Player One, que je viens de chroniquer, dans cette catégorie.

    Pas grave, je suis en ce moment sur Zen and the Art of Motorcycle Maintenance, qui devrait aussi faire l’affaire.

  2. Thomas B. says:

    Merci à Gromovar Wolfenheir pour le lien vers une chouette interview en français, le décalage entre les deux femmes est fascinant!

    http://www.dailymotion.com/video/x7bhdp_interview-de-corinne-maier-sur-no-k_news

  3. Loris says:

    Merci !
    J’ai ajouté le lien à la fiche civblogger2012. 🙂

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